La Corde (1948)

Réalisation : Alfred Hitchcock

Objectif du plan-séquence :

Créer une tension continue et étouffante

  • Le choix du plan-séquence supprime les ellipses et conserve le suspense intact, car le spectateur ne peut jamais “s’échapper”.

  • On vit les événements en temps réel, comme dans une pièce de théâtre, ce qui accentue l’anxiété autour du crime et de sa possible découverte.

Renforcer l’effet de huis clos

  • L’appartement devient un piège visuel et psychologique.

  • Le mouvement fluide de la caméra remplace le montage, mais l’espace reste toujours le même, soulignant l’enfermement moral des personnages.

Créer une expérience quasi théâtrale

  • Hitchcock s’inspire du théâtre : le film est basé sur une pièce de Patrick Hamilton.

  • Le plan-séquence donne au spectateur la sensation d’assister à une représentation vivante, sans pause, comme un observateur discret du crime.

Expérimenter avec le langage cinématographique

  • Hitchcock voulait pousser les limites du médium : montrer qu’il était possible de raconter une histoire sans montage apparent.

  • Cela devient aussi un jeu technique, avec des défis logistiques importants : décors mobiles, marquages au sol, mouvements ultra-chorégraphiés.

L’envers du décor :

Contraintes de la pellicule

  • Chaque plan dure au maximum 10 minutes (longueur d’une bobine 35mm).

  • Les transitions sont cachées en fondu, souvent en plongeant dans un objet sombre (dos d’un personnage, meuble, rideau...).

Décor mobile et chorégraphie millimétrée

  • Les murs du décor étaient montés sur roulettes et bougés silencieusement pendant les prises.

  • Les acteurs devaient se déplacer avec une précision extrême, tout en jouant naturellement.

  • La caméra (très lourde à l’époque) était montée sur des rails ou une grue modifiée, et demandait une coordination parfaite.

Difficulté et frustration

  • Hitchcock aurait dit : « J’ai tenté une expérience et j’ai échoué. »

  • En réalité, il a compris que le montage n’est pas un défaut, mais une richesse du langage cinématographique.

  • Rope reste cependant un film pionnier, inspirant de nombreux réalisateurs (De Palma, Iñárritu, Cuarón, etc.).

Durée du plan-séquence :

près de 7 minutes.