The Irishman (2019)

Réalisation : Martin Scorsese

Objectif du plan-séquence :

Installer un ton méditatif et funèbre

  • Contrairement aux plans-séquences énergiques et flamboyants de Scorsese dans Goodfellas ou Casino, ici, la caméra avance lentement, presque solennellement, dans un établissement silencieux.

  • Cela annonce la tonalité mélancolique du film : on n’est pas dans une glorification de la mafia, mais dans une rétrospective sur la vieillesse, la solitude et les regrets.

Plonger directement dans la subjectivité du narrateur

  • La caméra qui avance sans coupe jusqu’à Frank Sheeran crée une connexion intime avec lui.

  • C’est comme si nous étions aspirés dans sa mémoire, dans son monde intérieur.

  • Elle installe immédiatement le film comme un récit de confession, d’introspection — non comme une action mafieuse, mais comme une mémoire fragmentée et hantée.

Faire ressentir le poids du temps

  • La durée du plan, sa lenteur, l’absence de musique au début, donnent un sentiment d’inéluctabilité.

  • Il nous dit : "Tu vas écouter un homme qui a tout vu, tout perdu, et qui ne peut plus rien changer".

  • Le plan-séquence devient un memento mori : une mise en condition pour réfléchir à la mémoire, au remords, à la vieillesse.

L’envers du décor :

Décor réel et reconstitué

  • Le couloir est un décor de maison de retraite, mais certaines parties ont été reconstruites ou modifiées pour faciliter le mouvement de la caméra sans coupures.

  • L’équipe a travaillé le décor pour que le cadrage soit fluide et expressif malgré la lenteur.

Caméra Steadicam et tracking maîtrisé

  • Le plan a été tourné avec une Steadicam pour permettre une avancée fluide, sans heurt, à hauteur d’homme.

  • La caméra glisse lentement comme un esprit ou un souvenir en mouvement, avec une précision rythmique.

Ambiance sonore minimaliste

  • Aucun dialogue, aucun effet sonore excessif : seulement le bruit discret du lieu, ce qui accentue le côté contemplatif.

  • Quand la voix off de Frank commence, elle s’ancre dans le silence, ce qui lui donne plus de poids émotionnel.

Durée du plan-séquence :

près de 3 minutes.