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Les Fils de l'homme | plan-séquence 1 (2006)
Réalisation : Alfonso Cuarón
Objectif du plan séquence :
Immersion émotionnelle maximale
En ne coupant jamais, le plan oblige le spectateur à vivre l’action en temps réel, au rythme des personnages.
Cela renforce l’empathie : on ne peut pas détourner le regard, fuir ou se réfugier dans un montage. On est pris au piège avec eux.
Créer une montée de tension continue et ininterrompue
La séquence passe d’un moment de détente (jeu avec une balle de ping-pong, rire, échanges légers) à une attaque violente et soudaine.
Le fait que la caméra ne coupe pas accentue l’effet de choc et donne un réalisme brut à l’embuscade.
Faire ressentir le chaos contrôlé
Tout dans la séquence est chorégraphié avec précision, mais ressenti comme spontané : arrivée du barrage en feu, attaque à moto, coups de feu, blessure de Julian.
La caméra pivote à 360° à l’intérieur de la voiture, comme un regard paniqué qui cherche une issue, donnant un effet de panique partagée.
Conserver la géographie de l’action
La continuité permet au spectateur de comprendre spatialement ce qui se passe sans jamais être désorienté : d’où vient la menace, où sont les protagonistes, où se trouve la sortie.
Le plan séquence sert la lisibilité dramatique, tout en maintenant la tension.
Renforcer la symbolique du film
La scène marque un point de bascule narratif majeur : c’est la mort de Julian, le chaos qui s’intensifie, et l’entrée de Theo dans un rôle de protecteur.
Le plan séquence rappelle l’idée d’un monde sans échappatoire, un monde bloqué, sans montage, comme figé dans sa lente agonie.
L’envers du décor :
Une voiture spécialement conçue pour la scène
Le réalisateur Alfonso Cuarón et le chef opérateur Emmanuel Lubezki ont utilisé une voiture modifiée sur mesure, dont le toit pouvait s’ouvrir et se refermer rapidement.
Le véhicule contenait un rig de caméra motorisé, capable de glisser d’un personnage à l’autre et de pivoter à 360°, tout en restant invisible à l’image.
Une caméra montée sur un bras robotisé
La caméra était suspendue à un bras télécommandé, appelé Doggie Cam, conçu pour se déplacer fluidement entre les personnages à l’intérieur de l’habitacle.
Lorsque la caméra devait sortir du véhicule (à la fin du plan, quand les personnages quittent la voiture), le pare-brise était discrètement abaissé, permettant un mouvement sans rupture.
COORDINATION ET CHORÉGRAPHIE
Acteurs + techniciens = une véritable danse
Chaque acteur devait se déplacer au millimètre pour ne pas bloquer la caméra pendant sa rotation dans l’espace confiné de la voiture.
Les techniciens étaient cachés dans des compartiments du véhicule ou dirigeaient les effets à distance, synchronisant tirs, impacts de balles, vitres qui explosent, etc.
Effets pratiques en temps réel
Pas de CGI majeur ici : les motos qui attaquent, les tirs d’armes, les vitres qui se brisent… tout est réel et chorégraphié en direct.
Le défi : si une seule chose tournait mal (un impact mal synchronisé, un acteur mal placé), il fallait tout recommencer depuis le début.
UN TOURNAGE À HAUT RISQUE
Le plan a nécessité des semaines de répétitions.
Durée du plan séquence :
près de 3 minutes.