Casino (1996)

Réalisation : Martin Scorsese

Objectif du plan-séquence :

Plonger le spectateur dans le fonctionnement d’un univers fermé

  • La caméra ne coupe pas : elle suit les personnages à travers un espace complexe, comme si le spectateur entrait dans les coulisses du pouvoir.

  • Scorsese utilise ce plan pour démystifier le glamour du casino et montrer l’ingénierie de la manipulation, du contrôle, du vol organisé.

Créer une illusion de maîtrise absolue

  • Sam est au sommet de sa carrière : le plan-séquence fluide reflète son contrôle total sur son environnement.

  • Le rythme soutenu, le ton assuré de la voix off, et la caméra qui ne le lâche jamais contribuent à une sensation d’omniscience.

Jouer avec la temporalité et l’efficacité narrative

  • En un seul plan, Scorsese réussit à transmettre une quantité énorme d’informations sur le fonctionnement du casino, l’économie de Las Vegas, la hiérarchie interne, etc.

  • Le plan est éducatif mais spectaculaire, à la manière d’un reportage narratif.

Ancrer le style Scorsese

  • Ce plan rappelle celui du Copacabana dans Goodfellas (un autre plan-séquence mythique), mais ici, l’objectif n’est pas le romantisme de l’ascension sociale, mais le professionnalisme froid d’un système truqué.

  • C’est du Scorsese pur jus : narration off, musique syncopée, caméra mobile, montage musical invisible.

L’envers du décor :

Steadicam et repérage minutieux

  • Le plan est tourné en Steadicam, permettant une grande fluidité dans un espace dense et fréquenté.

  • Des répétitions très précises ont été nécessaires pour coordonner les déplacements des figurants, les mouvements de caméra et le timing de la voix off.

Rythme millimétré

  • La scène a été chorégraphiée au centimètre près, car la caméra devait suivre Sam tout en évitant des dizaines de figurants et de décors animés (machines à sous, clients, employés, etc.).

  • Tout devait être parfaitement synchronisé pour que l’illusion du “coup d’œil total” fonctionne.

Postproduction essentielle

  • Bien que tourné en un seul plan, la voix off a été enregistrée ensuite pour s’adapter précisément aux mouvements et à la durée du travelling.

  • La musique et les bruitages ont été ajoutés en finesse pour accompagner les transitions visuelles sans brusquer le spectateur.

Durée du plan-séquence :

près de 2 minutes.