Le bûcher des vanités(1991)

Réalisation : Brian de Palma

Objectif du plan-séquence :

Montrer la maîtrise technique et poser un ton satirique

  • Le plan-séquence suit Peter Fallow (Bruce Willis), un journaliste alcoolisé, dans les coulisses d’un événement mondain, en traversant un labyrinthe de couloirs, de décors et de personnages.

  • Ce plan fluide et sans coupe montre le spectacle et l’hypocrisie du monde médiatique et politique new-yorkais, thème central du film.

  • Brian De Palma utilise ici la forme pour souligner l’artificialité et la décadence du monde qu’il dépeint.

Immerger immédiatement le spectateur dans l’univers du film

  • En suivant un seul personnage à travers plusieurs espaces, sans coupure, on entre pleinement dans son point de vue et son rythme.

  • Ce procédé crée une immersion immédiate dans le monde du journalisme sensationnaliste et des élites corrompues.

Critiquer la superficialité et la vanité des puissants

  • Le plan traverse des décors luxueux, des visages souriants mais faux, et une organisation rigide autour d’une façade médiatique.

  • Cela pose la critique sociale : tout est apparence, manipulation et spectacle dans ce monde — fidèle à l’esprit du roman de Tom Wolfe dont le film est adapté.

Faire écho au titre même du film

  • Le Bûcher des vanités renvoie historiquement à la destruction d’objets de luxe, symboles de corruption morale.

  • Le plan-séquence met en scène cette vanité moderne, à travers le regard d’un journaliste cynique qui va tirer profit de ce monde pour sa carrière

L’envers du décor :

Un plan-séquence de 4 minutes en Steadicam

  • Le plan dure environ 4 minutes et 30 secondes, et suit Peter Fallow (Bruce Willis) depuis l’arrivée de sa limousine dans un garage souterrain, à travers les coulisses d’un bâtiment, jusqu’à son entrée en grande pompe dans une réception mondaine.

  • Le tout est filmé en Steadicam, une technologie de stabilisation qui permet des mouvements de caméra fluides et complexes dans des espaces restreints.

Une coordination millimétrée

  • La scène a nécessité des semaines de répétition :

    • Tous les figurants, assistants, machinistes, éclairagistes et acteurs devaient synchroniser parfaitement leurs gestes.

    • Le moindre oubli ou raté (réplique, mouvement de caméra, bruit, accessoire mal placé) obligeait à recommencer depuis le début.

  • Le chef opérateur devait passer dans des espaces étroits, en contournant des obstacles tout en gardant le cadrage fluide.

Un Bruce Willis (déjà star) pas simple à diriger

  • De Palma a raconté dans des interviews que la collaboration avec Bruce Willis était tendue. L’acteur refusait certaines consignes ou ne respectait pas toujours le tempo du plan.

  • Cette tension a augmenté la pression sur l’équipe technique, car une erreur de l’acteur remettait en jeu tout le plan.

Une prouesse technique au service du propos

  • De Palma utilise cette performance technique pour montrer l’hypocrisie du monde qu’il filme : une façade brillante, mais creuse et exigeante en coulisses.

Anecdote intéressante

  • Le film lui-même a été un échec critique et commercial, mais ce plan d’ouverture est souvent cité comme l’un des meilleurs moments du film.

  • Il est devenu un exemple d'école dans les formations de cinéma, pour montrer à la fois la puissance expressive du plan-séquence et les défis logistiques qu’il implique

Durée du plan-séquence :

4 minutes et 40 secondes