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The Conjuring (2013)
Réalisation : James Wan
Objectif du plan-séquence :
Immerger le spectateur dans l’univers familier avant l’horreur
Ce plan-séquence (lors de l’arrivée de la famille Perron à la maison) nous fait découvrir la demeure de manière organique et fluide, à travers les yeux des personnages.
Cela crée une connexion émotionnelle avec l’espace et la famille, ce qui rend les événements surnaturels à venir d’autant plus perturbants.
Construire une carte mentale de la maison
En filmant sans coupe les déplacements dans la maison (du jardin, au salon, aux escaliers, aux chambres), le spectateur se repère dans l’espace.
Cette géographie claire est cruciale dans le cinéma d’horreur : quand les phénomènes commencent, on sait exactement d’où viennent les bruits, où se cache quelque chose, etc. Cela accroît la tension.
Créer une fausse sécurité avant le basculement
Le plan a un ton presque joyeux et doux au départ : les enfants courent, les parents s’installent. La caméra virevolte comme si elle dansait avec eux.
Cette légèreté apparente contraste avec ce qu’on sait du genre horrifique, et met le spectateur en état d’alerte inconsciente.
Montrer la maîtrise visuelle de James Wan
James Wan utilise ce plan-séquence pour imposer une mise en scène précise, élégante et contrôlée, qui reflète la montée progressive de la peur.
La caméra flotte, glisse, anticipe les mouvements — comme si la maison elle-même observait la famille, ce qui crée un sentiment de malaise subtil.
L’envers du décor :
Un plan-séquence fluide, filmé en Steadicam
La scène a été tournée avec une Steadicam : un système de stabilisation porté par un opérateur, qui permet de suivre les personnages de pièce en pièce sans tremblement.
Le mouvement semble naturel, mais est hautement chorégraphié : chaque acteur, technicien, accessoire et éclairage devait être parfaitement synchronisé.
Un décor construit pour la caméra
La maison des Perron a été construite sur un plateau de tournage pour permettre à la caméra de circuler librement entre les pièces, avec des murs amovibles pour faciliter les passages.
Certaines transitions entre l’extérieur et l’intérieur sont réalisées grâce à des raccords discrets, parfois camouflés par des mouvements rapides ou des passages dans l’ombre.
Direction d’acteurs naturelle mais contrôlée
Les enfants, par exemple, jouent de manière spontanée (crient, courent, rient), mais leur déplacement est précisément calé pour que la caméra les suive sans collision.
Les acteurs ont dû répéter plusieurs fois la scène comme une pièce de théâtre, en respectant le rythme du plan et les placements exacts.
Lumière et son intégrés au mouvement
L’éclairage devait être non intrusif mais expressif, souvent intégré dans les décors (lampes, fenêtres), pour rester invisible tout en guidant l’ambiance.
Le son (bruits d’ambiance, musique, dialogues) a été partiellement repris en post-production, car la prise de son directe est difficile dans un plan en mouvement constant.
Pourquoi ne pas couper ?
James Wan voulait que le spectateur ressente le lieu comme un espace réel, continu, habité.
Cette immersion permet d’accroître l’impact des scènes de tension à venir : on connaît la maison, donc chaque bruit, chaque ombre, chaque silence prend du poids émotionnel.
Anecdote :
James Wan, grand admirateur d’Hitchcock et de De Palma, a souvent recours à des plans-séquences pour installer une ambiance avant de briser le calme.
Cette scène d’emménagement est devenue un exemple d’excellence dans le genre horrifique, montrant qu’un bon film d’horreur commence bien avant la première peur.
Durée du plan-séquence :
1 minute.