Strange Days (1995)

Réalisation : Kathryn Bigelow

Objectif du plan-séquence :

Plonger le spectateur dans l’expérience sensorielle du dispositif SQUID

  • Le choix de la vue subjective (à la première personne) mime la technologie du film : vivre les souvenirs comme si on y était.

  • En l’absence de coupes, le spectateur ressent l’urgence, la panique et l’adrénaline en temps réel.

👉 Le plan-séquence devient un simulateur d’immersion, ancré dans la logique du récit.

Créer un suspense intense et organique

  • La scène de braquage est haletante, amplifiée par l’absence de montage et le réalisme brut de la caméra.

  • Le spectateur s’identifie immédiatement au porteur de la caméra, ce qui accentue l’angoisse et l’instabilité.

👉 On ne regarde pas une scène, on la vit.

Montrer la virtuosité technique et la crédibilité du monde futuriste

  • Bigelow utilise le plan-séquence pour rendre crédible la technologie de son univers dystopique.

  • C’est aussi un statement de cinéma : la forme épouse le fond, sans artifice.

👉 Un plan fluide et sans coupe dans un monde chaotique : une contradiction maîtrisée.

Troubler la frontière entre réalité et mémoire

  • En ne coupant jamais et en collant à la subjectivité, Bigelow floute la distinction entre réel et virtuel.

  • Le spectateur met un moment avant de comprendre qu’il s’agit d’un enregistrement.

👉 Cela sert la thématique centrale du film : comment la mémoire, l'image, et la sensation peuvent devenir addictives ou manipulables.

L’envers du décor :

  • Le plan-séquence est un faux plan unique, composé de plusieurs plans astucieusement raccordés à travers des mouvements de caméra rapides, des passages derrière des murs ou des effets de flou.

  • Utilisation de Steadicam modifiée montée sur le torse du cascadeur-acteur, parfois relayée à un autre pour continuer le plan sans interruption.

  • Chorégraphie complexe des comédiens, des décors, des effets de chute et de combat en temps réel.

👉 Le film a repoussé les limites techniques des caméras à l’époque (années 90) pour créer un effet immersif encore très impressionnant aujourd’hui.

Durée du plan-séquence :

plus de 3 minutes.