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Snow Therapy (2015)
Réalisation : Ruben Östlund
Objectif du plan-séquence :
Installer un regard froid, quasi clinique
Ruben Östlund utilise des plans longs fixes ou semi-fixes, parfois très larges, qui laissent le temps aux situations de se dérouler sans interruption.
L’effet est proche du plan-séquence : on assiste à des moments de tension en temps réel, sans échappatoire, comme si l’on devenait observateur impuissant.
Amplifier le malaise par la durée
Par exemple, la fameuse scène de l’avalanche est filmée d’un seul tenant : la caméra reste sur la famille, sans couper, et on voit le père fuir seul. Le plan ne coupe pas tout de suite après l’avalanche, ce qui prolonge l’ambiguïté morale.
Le spectateur, comme les personnages, doit affronter ce qui vient de se passer, sans montage pour atténuer le choc.
Mettre en évidence le contraste entre apparence et vérité
Dans plusieurs scènes de repas ou de discussions, la caméra reste fixe et laisse les silences, les regards fuyants, les gestes gênés se développer. Ces choix s’apparentent à des plans-séquences de tension psychologique.
Le cadre est souvent large, mettant les personnages "petits" dans l’environnement, renforçant leur impuissance et leur isolement.
Renforcer le réalisme de la crise familiale
Les plans longs sans coupe imitent le temps réel : ils donnent l’impression que ce que l’on voit n’est pas mis en scène, mais capté comme un documentaire.
Cela rend la crise conjugale plus crédible, plus inconfortable, car il n’y a pas d'échappatoire ni de soulagement narratif.
L’envers du décor :
Tournage en décors réels dans les Alpes françaises
Le film a été tourné principalement dans la station Les Arcs, dans les Alpes.
Les conditions météorologiques extrêmes (froid, neige, lumière changeante) ont rendu le tournage complexe, surtout pour les scènes en extérieur, comme celle de l’avalanche.
La scène de l’avalanche : effets numériques et précision du timing
Contrairement aux apparences, l’avalanche n’est pas réelle : c’est un effet numérique très soigné, intégré dans un plan tourné à l’avance avec la famille installée sur la terrasse.
Le timing devait être parfait pour que l’acteur qui joue le père (Johannes Bah Kuhnke) s’échappe au bon moment, sans que le montage vienne tricher.
Le nuage de neige est en grande partie ajouté en postproduction, mais intégré à un plan quasi-documentaire, tourné caméra fixe.
Direction d’acteurs : tension construite par le naturel
Östlund fait répéter beaucoup, mais une fois la scène lancée, il laisse les acteurs évoluer avec le moins de coupes possible, afin de capturer des réactions réelles, parfois improvisées.
La scène du dîner avec les amis, par exemple, où la dispute sur la masculinité se développe, est longuement tournée avec plusieurs caméras discrètes, dans des plans larges, pour laisser les tensions monter naturellement.
Esthétique rigide : plans statiques et compositions maîtrisées
Östlund travaille avec le chef opérateur Fredrik Wenzel pour composer des plans très architecturés : lignes de fuite, symétrie, personnages isolés dans l’espace.
Le style évoque la photographie de galerie ou la mise en scène théâtrale, avec un regard distant, quasi sociologique.
Influence documentaire dans la méthode
Ruben Östlund vient du cinéma documentaire et du film de ski : il a un sens aigu de l’observation non interventionniste.
Cela se ressent dans la manière dont il filme : longues prises, peu de mouvements de caméra, refus de dramatisation artificielle.
Il utilise parfois des caméras cachées ou fixes dans ses courts-métrages, une méthode qu’il transpose ici dans une mise en scène froide et frontale.
Durée du plan-séquence :
près de 3 minutes